• Nice 2007 - le récit de ma course


    Nice. Promenade des anglais. Dimanche 24 Juin. 5h30 du matin. Nous y sommes.

    Dans une heure, le départ de l'Ironman de Nice 2007 sera donné, mon objectif de l'année. Je suis relativement confiant même si ma préparation n'a pas été exactement celle que je voulais suivre... déchirure à l'épaule gauche au ski en Mars qui m'a handicapé durant 2 mois et qui me gène encore pour nager, programme vélo allégé avec seulement 2 sorties longues (125 et 150kils). Enfin vamos, on verra bien ce que ça donnera.

    Je fais la course avec mon beau-frère Oliv' Calonne qui m'a l'air de tenir une forme excellente, y devrait me pouiller en règle...(ça se vérifiera au classement !).
    Le temps de faire les derniers réglages sur le vélo, d'enfiler la combi, nous nous dirigeons vers la plage (de galets !) ou pas mal de monde est déjà présent. Le public, massé sur le mur derrière nous, est nombreux et commence à nous encourager de la voix.

    Nous choisissons de nous placer complètement à gauche, dans le sas 1h20 et +, même si notre temps nat' devrait être bien meilleur. D'une part, y'aura certainement moins de baston une fois le départ donné, d'autre part, il nous semble que c'est le chemin le + court (!) pour rejoindre la 1ère bouée...

    6h31'. Coup de trompe, on est parti. Enfin.
    Une longue journée commence, mais d'abord, la grande bleue. L'eau est à bonne température (20°C), propre et agréable à nager malgré une petite houle qui semble se former.
    L'aller-retour fait 1900m, une boucle à faire 2 fois entrecoupée d'une sortie à l'australienne de 20m, excellent !
    5 grosses bouées rouges délimitent le parcours, je nage extérieur pour éviter les coups mais je sens que je rallonge d'autant ma nat'. Tant pis, faut choisir.
    Le retour est plus sympa que l'aller, la houle nous « poussant » un peu vers le bord.
    Sortie de l'eau en 33', je replonge pour une deuxième boucle et sens au bout de 200m que mon col de combi commence à me brûler un peu. Bizarre, j'ai pas eu ce problème jusque là, faut dire que j'ai peut être oublié que l'eau de mer pouvait être un peu plus « agressive » que l'eau douce... bien joué !

    Finalement, je sors du bain en 1h07'. Un peu déçu de ce chrono, je visai moins d'1h05' mais bon, on va pas chipoter.
    Je file récupérer mon sac vélo (ah la longueur du parc à Nice, 500m, cool) et fait mon maxi pour me changer mais perd tout de même 7'40'' dans l'affaire: trop long, faudra voir à speeder un peu plus l'année prochaine.
    Je file récupérer mon Scott et démarre vent dans le dos sur la Promenade anglaise, direction 180km dans l'arrière-pays niçois. YES !

    D'entrée, les sensations sont assez bonnes mais je sens qu'il va faire chaud. La gestion de l'hydratation et de l'alimentation sera importante... A ce propos, j'ai emmené de quoi nourrir un régiment (ou presque) et mon maillot de vélo Assos me baille un peu dans le dos, pas top.
    10km à bonne allure nous amènent à St Laurent du Var où la première petite difficulté s'annonce: on bifurque à 90° à gauche et là nous attend 400m de grimpette sévère dont les 200 derniers mètres à 16%, ça calme d'entrée. Suivent 7km de faux plat montant à 3% qui roulent bien: je pense toujours à boire et à m'alimenter en pâte de fruits énergétique. Le rythme est bon, toujours quelques avions qui doublent mais dans l'ensemble, c'est assez homogène.

    On attaque la route vers Gourdon, qui alterne bosses, plats et descentes courtes puis arrive la première franche montée: 6km à 6% et plus. Les 3 premiers kils sont hard mais je me mets en bon rythme et je me sens à l'aise. Je discute avec un gars, Didier, qui me dit être l'entraîneur physiologique d'Hervé Faure et de Xavier Le Floch, très cool le gars. On causera comme ça 3 ou 4 fois sur le parcours car il grimpe moins bien que moi mais se défend mieux sur le plat et la descente...

    Je grignote ½ barre de céréale et boit un coup mais j'ai trop dosé ma boisson et mon besoin d'eau pur commence à se faire sentir... aïe. Je n'y prends pas vraiment garde, mais je vais le payer par la suite.
    On arrive sur le plateau de Caussols où on récupère notre ravit perso. Alors là, moins cool, on échange donc les bidons presque vides pour ceux préparés par nos soins et roule ma poule, mais j'ai cru comprendre que les bidons laissés au ravito perso seront perdus pour nous: pas génial ça !
    En plus, j'essaye de boire à un de mes bidons (congelés la veille, ils sont parfaitement frais, génial !) mais le fond en est percé: argh ! Je bois 4-5 gorgées et le jette sur le bas-côté, inutilisable. Je continue avec 1 seul bidon, vivement le prochain ravito pour que j'en récupère un de l'organisation.

    Les kilomètres défilent, je roule un bon rythme (faux rythme ?), les montées qui suivent sont assez « longues » (5 kils) mais passent facilement (pas pour tous).
    Le ravit arrive, je saisis un bidon d'eau que j'embarque puis un autre avec lequel je m'arrose. Je bois à satiété de l'eau pur, ça fait du bien mais après quelques kils, mon ventre se met à gargouiller: eh oui, l'eau pur passe mal à l'effort: résultat, je ferais presque 40 kilomètres sans boire une goutte sans que cette sensation désagréable ne passe.
    Niveau alimentation, j'ai claqué 2 pâtes de fruits, ½ barre de céréale et ½ cookie punch power: pas lourd ça sur 130 kils. Mais j'ai pas vraiment faim, plutôt soif mais mon ventre est pas très répondant. Dilemme.

    L'aller-retour vers le col de Vence est pénible, 5 kils aller, 5 kils retour, du vent dans tous les sens et des sensations pourries. Je roule bien mais sans vraiment de forces... Heureusement que c'est la dernière partie pénible, car après Coursegoules, ça descend sur 35 km.
    On se finit quand même par une petite grimpette de 2km vers Coursegoules, facilement avalée et on entame la descente.

    J'avance pas. C'est une réalité. Oh, quand ça descend sec, je suis à 65km/h mais sur le faux plat descendant qui fait la majeure partie de la descente, je peine à rouler à plus de 50 ! Sans compter que je me coltine un allemand et un anglais qui me collent aux miches. L'allemand pédale fort dans le faux plat mais est une vraie quiche pour prendre les virages serrés. Je le rattrape à chaque fois (je ne freine pas ! et lui si) et fini par essayer de le doubler parce que ça me gave. Mais cet abruti se croit tout seul, il est sur son prolongateur et sur une courbe à gauche, il se déporte complètement au moment où je le double. On manque de se foutre en l'air (surtout lui), heureusement que j'ai gueulé comme un veau !
    Il s'excuse, prétextant ne m'avoir pas vu: le comble.

    Je continue cette descente, pensant me refaire la cerise, mais les quelques triathlètes qui me doublent sur la portion basse (5km avant de rejoindre la vallée qui nous mènera à St Laurent du Var) me confirme ma mauvaise impression: le jus me manque. Pas assez mangé ? Trop bu d'eau et pas assez de boisson énergétique donc début de déshydratation ? Fatigue ?
    Je continue de pédaler mais le cœur n'y est pas vraiment. Vivement la promenade des anglais.

    Le retour vers St Laurent du Var est plus que galère pour moi: le vent de face est vraiment fort (il vient de la mer et ne fait pas 20km/h, comme me l'avait annoncé un Niçois la veille !) et après 165km, c'est dur. Mais ce qui me termine vraiment, c'est de voir 6 gus se faire un drafting appuyé, 3 par 3, sans complexe. OK, on ne vise pas les premières places mais quand même.
    Déjà plus haut, y'en a un qui s'était fait stopper par un arbitre mais je n'ai pas vu le carton (...). Par contre, on nous a demandé 2 fois, à Didier et moi, de nous écarter l'un de l'autre, dans une côte où l'on roulait à ... 12 km/h !!! va comprendre !

    On arrive en ville, reste un 270° à faire sous un pont routier et nous voilà sur le début de la promenade. Encore environ 5kils (eh oui) et le Negresco que l'on voit au loin me paraît super ... loin !
    Le vent de mer ne faiblit pas et le retour est vraiment dur.
    Heureusement qu'on a une ligne pour nous, mais il faut avouer qu'elle est juste assez large pour 2 bikes. Je vous raconte pas pour doubler, c'est un peu chaud.

    Finalement, j'aperçois les tentes de l'arrivée vélo, je prends légèrement peur en voyant les vélos rangés serrés sur dans le parc mais réalise qu'on les a groupé et qu'il en reste encore un bon nombre à rentrer. Je franchis finalement la ligne en 6h09' (soit presque le temps que je m'étais fixé: 6h !), j'ai de bonnes jambes et hâte de courir. Je file vers mon emplacement, en ayant donné mon bike à un bénévole qui va se charger de me le ranger, trop top.
    Je récupère mon sac de CàP et file sous la tente de change.

    Ce que l'on appelle une ruche: on doit être plus de 50 sous la tente pour se préparer au marathon qui clos cet Ironman. Alors, pas le temps de trouver une chaise libre, on se démerde comme on peut.
    Je vire de mes poches arrières toute la bouffe que je n'ai pas utilisée (et pour l'année prochaine, on gèrera mieux que ça, c'est promis juré craché), j'attrape ma casquette, enfile une paire de chaussettes neuves, saute dans mes baskets et c'est parti pour 42 bornes et quelques sous le cagnard.

    Je sais que je dois partir très très cool, un marathon c'est long, surtout après 180km de vélo. D'entrée, le vent soufflant du sud-est me pousse sur les 5,25 km qui mène à l'aéroport de Nice. Au bout, un ½ tour en passant sur le tapis de chronométrage et on repart dans l'autre sens. Les 500m qui suivent sont les plus durs du parcours selon moi car on longe le grillage de l'aéroport, recouvert d'une autre grillage plastique très serré : en clair, le vent ne passe plus et c'est limite étouffant après l'open space de la Promenade.
    Mais l''organisation qui a carrément assuré jusqu'à maintenant nous a réservé ce que je crois être le top pour nous: un ravito tous les 1,7 km avec de l'eau (ouais bon normal quoi !)... de l'eau fraîche ! Quel bonheur de s'asperger avec et de boire une petite gorgée fraîche après du coca (enfin du schwepses-coca, connaissait pas mais c'est pas mal). Et ça durera tous le marathon, vraiment génial.

    Le retour se fait contre le vent, y'en a que ça gène mais j'avoue que ça aide à se rafraîchir un peu malgré les 31°C (sous abri) de cet après-midi...
    Première boucle en 56' (pour 10.5 km), bon rythme je ne souffre pas trop et me prend même à rêver d'un marathon sous les 4h, 3h45-50 serait le top ! Mais la suite ne sera malheureusement pas aussi rose...

    Le public est énorme quand on revient vers le parc à vélo. Sono à donf, DJs survoltés, le ½ tour (autour d'un Mercedes ML, pour le gagnant ?) se fait le pied léger, on repart gonflé à bloc, ça descend un peu, toujours avec le vent dans le dos.
    Deuxième boucle quasi identique à la première pour moi, je marche aux ravitos, le temps de boire et de me rafraîchir, mais au retour j'ai 2h pile de course à ma montre: donc j'ai tourné en 1h04', soit 8' de plus que pour ma 1ère boucle. Pourtant j'ai pas senti vraiment que je ralentissais... aïe...

    Je repart pour la troisième, croisant à nouveau l'Oliv' Calonne qui m'a l'air de tenir un rythme correct (il tournera en 54' au tour sur les 3 premiers tours !).
    Mes arrêts aux ravitos se font un peu plus « longs », mais j'ai décidé de courir jusqu'au ½ tour alors, je repart.
    Arrivé à l'aéroport, j'ai le bide pris de crampes (le maillot trempé sur le ventre a dû me refroidir les intestins) mais surtout, je dois m'arrêter au bout de 10m sur le retour: impossible de respirer correctement, j'ai l'impression d'être essoufflé comme jamais (en courant à 10-11 à l'heure !). Je me plie en 2 à l'ombre, en essayant de me décontracter mais ça passe pas.
    Je marche un peu, histoire de voir, les jambes sont nickel mais le souffle est super rapide: déshydratation mon petit gars, fallait s'y attendre avec ta gestion plus que limite en bike !
    Je marche encore 20m mais m'arrête à nouveau. Merde, je vais pas bâcher là quand même. De toute façon, si je plie ma course, il faudra bien que je retourne au départ pour récupérer mon matos alors vamos !
    Je marche, m'arrêtant tous les 20m, encouragé à repartir par le public et quelques triathlètes.
    Premier ravito pas mieux. Second ravito, pas mieux. Troisième ravito, 200m avant de voir le public vers l'arche d'arrivée.
    Impossible de continuer comme ça à marcher, je repart en courant.
    Et bizarrement, les sensations sont tout de suite bonnes, OK je coure pas à 17km/h mais j'avance bien.
    Enfin, le dernier ½ tour pour entamer la dernière boucle. Je sais déjà que j'irai au bout, je décide de ne marcher qu'AUX ravitos.

    Ravito, courir, ravito, courir, ravito, courir...30' passent, je passe pour la dernière fois sur le tapis du ½ tour de l'aéroport, on rentre à la casa !
    Je coure au même rythme, croisant des gars qui sont au pas, pliés en deux ou sur le bord du trottoir, explosés. Allez les gars, courage !

    500m. Personne derrière moi à 100m, depuis que 2 tarés viennent de me doubler pour finir au sprint ! (y'en faut...).
    Je m'engage sur le tapis bleu du couloir qui file vers l'arche d'arrivée.
    Le public est là, ça tape dans les mains à droite, à gauche. Sono à bloc, le speaker annonce mon finish. Et je boucle mon Ironman en 12h15'.

    Content de ma course, médaille au cou, on me prend par la main pour que je pose pour la photo du finisher, on récupère ma puce et je me dirige vers le parc de l'autre côté de la route, un superbe espace vert où les triathlètes récupèrent, mangent et se font masser.

    Je retrouve ma Stef qu m'a encouragé tout du long, puis mon beau-frère qui lui a terminé en 10h13', 107ème place: superbe perf !

    Bilan de cette course:
    organisation irréprochable, ravitos vélos et CàP consistants et idéalement placés, bénévoles nombreux et aux petits soins pour les triathlètes, un superbe sac et un tee-shirt finisher Ironman, parcours vélo de toute beauté, mer très agréable, course à pied fantastique, la mer, Nice et 4 boucles qui permettent de croiser du monde sans arrêt. Rien à redire, continuez comme ça les gars, quelques petits points de détails et ce sera parfait.

    Bilan pour moi:
    natation correcte sans plus (ah cette épaule), vélo dans mes temps, 6h09', explosion en règle en CàP, décidément.

    A améliorer pour la suite:
    chaque seconde compte, c'est con mais même sur une telle course, 5' de perdues et c'est entre 15 à 40 places qui s'envolent. Alors, il faudra essayer de rester sur la plus courte ligne en nat' (donc pas trop à gauche), améliorer le temps aux transitions (genre la bouffe sur le vélo, avec les chaussures), la tri fonction sera de mise, s'arracher quand c'est trop dur,
    toujours et encore, l'alimentation et l'hydratation à vélo, cruciale vraiment,
    repérer le parcours vélo, se mettre des temps intermédiaires et visualiser les endroits où s'accrocher, relancer...,
    en CàP, ben c'est simple, faut être plus costaud et se dire qu'il y a pas 42 bornes à courir mais 8 allers (ou retours), viser les ravitos, ou les feux rouges à 100m et s'accrocher. Se vider la tête et courir (donc du travail mental en perspective).

    Au moins, je sais ce qu'il me reste à faire pour optimiser mon temps, bien qu'on ne soit jamais à l'abri d'un emmerde imprévisible (j'ai pas pris de coups en nat', pas crevé 3 fois à vélo ni chuté, pas pris d'insolation ni de points de côté...).

    En tout cas, j'ai adoré cette course, le chrono est important mais finalement importe peu, finir c'est pour tous un bel exploit. Et je serai là en 2008 !






  • Commentaires

    1
    Et ta soeur ?
    Jeudi 12 Juillet 2007 à 20:03
    Ouf!
    12h15 pour le faire et presque autant pour lire le compte-rendu.... Bravo mon frère. Bises. K'ti.
    2
    Oliv'
    Vendredi 13 Juillet 2007 à 21:55
    Nice
    allez, l'année prochaine, un compte-rendu de moins de 11h... Bizzz
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